mercredi 12 mars 2014

Autopsie d'une phobie

Il y a bien longtemps que je suis venue faire un tour ici... Mais j'ai eu besoin de coucher sur «papier» ce que je ressens par rapport à une phobie que j'ai depuis longtemps. Peut-être pour essayer de la comprendre, trouver des réponses... Bref, c'est une phobie que je vais bientôt devoir affronter. Moi, Biloutipou, 39 ans, j'ai une phobie des avions.

Depuis aussi loin que ma mémoire me permet de remonter dans le temps, j'ai peur des avions. Je n'ai jamais pris l'avion... Et il ne s'agit pas d'une simple peur, mais d'une véritable phobie, là où le rationnel n'est plus roi. Là où malgré tout le savoir et la logique, les statistiques, la peur demeure. C'est une peur qui hante... qui est présente tous les jours, toutes les heures. Depuis que je suis toute petite, je rêve à des avions. Mes rêves ne sont pas toujours des rêves-catastrophes... Parfois, je ne fais que voir des avions, des avions qui volent trop bas et parfois, je rêve que je dois prendre l'avion et que je change d'idée. Rendue au moment d'embarquer, je me sauve, je rebrousse chemin.

Quand j'étais petite, mon père nous emmenaient voir les avions à Mirabel, mon frère et moi. Durant des heures de temps, on regardait les appareils décoller et atterrir. «Tu vois... y'en n'a pas une qui s'écrase ! », disait mon père. Je n'étais pas convaincue, mais je ne m'ennuyais pas. J'étais toujours contente d'y aller. Je me souviens aussi qu'un cousin de mon père donnait des spectacles aériens... Je ne me souviens plus s'il était pilote ou s'il ne faisait que les organiser... Mais je me rappelle avoir été en voir quelques fois. Jamais je n'ai assisté à un accident ou vu une catastrophe aérienne. J'ignore donc à ce jour, d'où vient cette phobie. C'est comme si c'était inné... dans moi... comme si j'étais née avec ça... Suis-je morte dans un accident d'avion lors d'une autre vie ? Est-ce que je crois aux vies antérieures ? Je ne sais pas.

Autre fait bizarre, il m'est arrivé deux fois de me perdre en voiture... Bon, perdre est un grand mot... égarée disons. Une fois, je me suis ramassée à l'aéroport Montréal-Trudeau. L'autre fois, j'étais aussi près de l’aéroport, devant ou derrière, je ne sais trop. Mais j'avais devant les yeux un tas d'avions «garés». J'étais dans tous mes états... J'avais appelé mon frère en pleurant... Toujours est-il que l'année où le Airbus 380 est venu à Montréal (ou tout près ?), je l'attendais. Ma mère m'a téléphoné : «Va voir là, tu devrais l'apercevoir». J'étais à mon bureau au sous-sol et j'avais gravi les escaliers en quelques secondes. J'étais sortie dehors et je l'avais vu ! J'étais excitée, énervée, hystérique comme une enfant à Noël... J'avais téléphoné à mon chum et lui avais crié : «J'ai vu le Airbus ! je l'ai vu ! Il a passé juste au-dessus de la maison ! » Un mélange de peur et de fascination s'était emparé de moi... J'en tremblais.

Il y a un peu plus de deux ans, j'ai pris la décision que j'allais voyager... en avion. Ma copine et moi voulions faire un voyage ensemble pour fêter nos 40 ans. Nous avons donc lancé l'opération B (B pour bikini !). On allait entreprendre une démarche de perte de poids et pour nous récompenser (et fêter nos 40 ans), nous allions aller à Cuba. C'était une belle motivation pour perdre du poids ! Même si nous n'avons pas tout à fait atteint notre objectif, on peut dire que l'opération B est un succès... Sauf pour un tout petit détail : vais-je pouvoir embarquer dans l'avion ? À force de me motiver, de visualiser, de lire, et même d'aller à une activité avec mon fils autiste (une activité pour leur faire vivre un embarquement), je m'étais convaincue que mon désir de partir était devenu plus grand que ma peur.

Bref, j'ai mon passeport et mes vaccins. J'ai mon billet... acheté le 7 mars. Ce vendredi 7 mars, je suis sortie avec ma copine au resto. On était bien excitées d'avoir fait l'achat de nos billets ! À la télé du resto, je remarque par 2 fois qu'on montre un avion... Je ne peux entendre ce qu'on dit, mais je réussis à lire qu'un Boeing 777 a disparu.  Je sens déjà l'angoisse monter... mon cœur s'énerve. Je n'écoute ma copine parler que d'une oreille et j'ai juste hâte de connaître l'histoire du Boeing.  Aujourd'hui, on n'a toujours pas de traces de l’appareil. Je n'ai évidemment pas pu m'empêcher d'y voir un signe... un avertissement. Véritable hantise, j'ai déjà passé quelques heures de mes nuits à lire les nouvelles, les forums, pour comprendre cette disparition. Personne ne sait rien.

Avec cette histoire, ma phobie est encore plus grande. Je me sens vulnérable, je sens que si je pars, je vais à l'encontre des avertissements que je reçois depuis que je suis toute petite... Ma raison pique du nez... peut-être comme le Boeing 777... Je m'explique très mal tout ça... la peur, la fascination... Mais je vais partir.

Je voulais seulement laisser une trace écrite... Si jamais mon avion s'écrase, vous pourrez dire que je le savais, que c'était mon destin :)

                  Source de l'image : Wikipédia

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